Dépendance sans produits, chemsex, tabagisme, alcoolisme, toxicomanie, boulimie, anorexie. La réduction des risques est devenue une composante incontournable des politiques de santé publique. Avec l’idée qu’il vaut mieux accompagner les utilisateurs vers des comportements moins risqués que de se limiter à l’interdiction et au tout-répressif.
En octobre 2016, la mairie de Paris a ouvert une « salle de consommation à moindre risque » de drogue pour les toxicomanes. Aussitôt baptisée « salle de shoot » par ses opposants, qui dénonçaient la mise à disposition d’un local et de matériel pour la consommation de drogue dure, cette expérimentation a causé une énorme controverse au moment de sa création.
Deux ans plus tard, force est de constater que la polémique est retombée. Du côté de la Mairie de Paris, on évoque un bilan global positif avec 165 passages par jour en moyenne dans un environnement sécurisé et médicalisé qui permet d’éviter la violence et de limiter les risques de contamination aux MST et d’overdose.
« Un important progrès en termes de santé publique », dixit Rémi Féraud, le maire du 10e arrondissement, de Paris, où la salle est localisée. Un exemple parmi d’autres d’une politique publique de santé axée sur la réduction des risques plutôt que la stigmatisation des consommateurs de drogue.
Quelques années plus tôt, c’est l’installation de distributeurs de préservatifs dans les lycées qui avaient suscité un bref émoi… avant que l’on ne réalise que la banalisation des préservatifs s’était avérée une avancée majeure dans leur démocratisation et dans la capacité des adolescents à adopter des comportements sexuels responsables.
La réduction des risques joue à plein sur la responsabilisation et la déculpabilisation des consommateurs afin de les accompagner vers des usages moins dangereux. « Sam, celui qui n boit pas », est une parfaite illustration d’une campagne positive et de réduction des risques qui est entrée dans les mœurs de nombreux jeunes pour limiter l’alccol au volant.
En matière de lutte contre le tabagisme, les approches du mois sans tabac en novembre et le soutien aux substituts au tabac (patchs, gommes, cigarette électronique, tabac à chauffer,…) entrent progressivement dans les mœurs, comme l’a récemment rappelé le tabacologue Christophe Cutarella dans l’émission Check Up Santé sur BFM Business.
« L’addictologie c’est soit arrêter, soit la réduction de risques. Les moyens nouveaux sont les bienvenus pour aider à réduire les risques », a-t-il affirmé. Une approche de réduction des risques qui vaut aussi pour la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie avec notamment des groupes d’auto-support entre usagers.
L’exemple le plus connu est celui des Alcooliques anonymes qui permettent à des usagers et à d’anciens usagers de partager leurs expériences, leurs difficultés à arrêter, et à se soutenir mutuellement. L’efficacité de ces groupes d’auto-support n’est plus à prouver.
Globalement, l’enjeu de la réduction des risques, malgré des réactions épidermiques et éphémères lorsque nouvelles solutions sont mises en place, sont désormais considérées par les pouvoirs publics et les professionnels de santé comme des moyens efficaces de faire reculer les pratiques à risque et, par conséquent, de sauver des vies.
L’Afder a pour vocation d’être un trait d’union entre les groupes d’entre-aide et les dépendants actifs et leurs familles. Notre rôle pédagogique est primordial et l’accompagnement au quotidien est un outil indispensable à la réduction des risques.
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