A l’issue d’auditions menées par un groupe d’experts, les travaux organisés par l’Agence Santé Publique France et l’INCA sur l’évolution du discours public en matière de consommation d’alcool viennent d’être publiés.
« Encore une fois les associations d’usagers en rétablissement ne sont pas invités, ni même prévenus. Les associations d’usagers en rétablissement sont discriminées, les malades dépendants sont discriminés et nous sommes en 2017 !!!! De bien jolies recommandations, mais si elles ne sont pas étayées par le récit de vie d’un dépendant en rétablissement, tout le monde s’en fout !!! Ca rentre par une oreille et ça sort par l’autre… C’est quand je parle de mon hépatite C et de mon cancer et des conséquences sur mon quotidien que les publics se sentent éclairés et identifiés. » (NDLR)
10 recommandations sur les conseils à délivrer au grand public en termes de consommation d’alcool, sur les stratégies de prévention, sur le rôle et le discours des pouvoirs publics
Parmi ces recommandations (p.55 de l’avis), la 1ère évoque la diffusion d’informations au public davantage basées sur la notion de seuils que de repères, en replaçant les dommages encourus en fonction des comportement et contextes d’usage : à long terme (morbidité et mortalité pour certaines maladies chroniques comme la cirrhose du foie, certains cancers et certaines maladies cardiovasculaires) et à court terme (traumatismes intentionnels et non intentionnels, notamment des accidents pouvant causer des blessures ou la mort dans certains cas), la mauvaise évaluation des situations à risque et la perte du contrôle de soi comme cela peut être le cas lors d’alcoolisation ponctuelle importante (API). Concrètement : « si vous consommez de l’alcool, pour limiter les risques pour votre santé au cours de votre vie, il est recommandé de : · ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour ; · avoir des jours dans la semaine sans consommation. »
Une avancée vers une RDR alcool peut être notée : « réduire la quantité totale d’alcool que vous buvez à chaque occasion ; · boire lentement, en mangeant et en alternant avec de l’eau ; · éviter les lieux et les activités à risque ; · s’assurer que vous avez des personnes que vous connaissez près de vous et que vous pouvez rentrer chez vous en toute sécurité. « . « D’une façon générale, l’option la plus sûre est de ne pas consommer d’alcool en cas de : · conduite automobile ; · manipulation d’outils ou de machines (bricolage, etc.) ; · pratique de sports à risque ; ·consommation de certains médicaments ; · existence de certaines pathologies. Il faut noter qu’on autorise une alcoolémie à 0,5g/l ou à 0,2 g/l pour les détenteurs d’un permis de moins de deux ans, alors qu’il existe un sur-risque entre 0 et 0,5g/l. ».
Ces recommandations visent avant tout à donner aux acteurs publics des éléments objectivés et récents permettant d’élaborer des stratégies de prévention efficaces et cohérentes, en complément d’une vigilance accrue concernant les ambiguïtés parfois perçues entre un discours santé et la défense d’un secteur économique.
Constatant l’échec des stratégies de communication sur le risque alcool, les recommandations du groupe font un pas dans la direction d’un changement.
La Fédération Addiction a toujours défendu cette rénovation du discours alcool, elle espère que les prochains responsables de la politique de santé oserons l’assumer : il faut adapter notre discours au XXIème siècle et être en mesure d’accompagner des usages plus éclairés.
Parmi les pistes défendues pour limiter les risques et dommages liés à l’usage d’alcool, elle proposait, dans une tribune rédigée récemment : » Eviter les usages précoces, retarder les premières consommations, éduquer, apprendre à apprécier, à aimer, à gérer, réduire les risques, traiter les vulnérabilités individuelles ou sociales, soigner… pourraient être les objectifs d’une politique des addictions qui se déclinerait en plans et programmes. Il faudrait, pour ce faire, que nous ayons le courage de regarder les consommations d’alcool comme une des choses communes de nos vies, de celles qui peuvent faire plaisir ou faire mal. Il faudrait avoir le courage politique, non plus seulement de les combattre, mais d’en accepter autant les bénéfices que les inconvénients. »
https://www.federationaddiction.fr/31066-2/