Décidément la future loi de santé fait parler… Normal, les enjeux sont très importants et le texte particulièrement ambitieux, notamment sur les questions de prévention. La Fédération Addiction et l’AFDER s’est intéressée au projet gouvernemental et bien évidemment sur le volet des addictions.
Le 19 juin dernier, Marisol Touraine présentait les grands axes de la loi de santé. « Dans le domaine des pratiques addictives, qui concernent des millions d’usagers et causent des milliers de décès chaque année, ces orientations laissent espérer une nouvelle stratégie, enfin adaptée à l’environnement addictogène de ce début de XXIème siècle », explique d’emblée la Fédération Addiction. « La priorité accordée à la prévention, particulièrement destinée à la jeunesse ou aux publics les plus éloignés du parcours de soin, confirme le changement de paradigme annoncé lors de la présentation de la Stratégie Nationale de Santé, en septembre 2013 », affirme la fédération. « Sa mise en œuvre suppose des projets à long terme, inscrits dans un processus cohérent d’intervention (prévention, intervention précoce, soin, réduction des risques) et s’appuyant sur des programmes évalués et des professionnels formés ». Pour cela, la Fédération estime que deux conditions doivent être réunies.
SOUS CONDITIONS
D’une part, le « financement pérenne de la mission de Prévention des addictions des Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA), notamment dans leur mission CJC (consultations jeunes consommateurs, ndrl), parce que les équipes transdisciplinaires de ces dispositifs y ont leur légitimité, et qu’ils ne peuvent accroître leur efficacité au côté des autres acteurs de la prévention, que dans un continuum d’interventions CJC. » D’autre part : « L’optimisation d’une organisation territoriale ». « Prévenir les addictions, c’est aussi « aller vers », en associant tous les acteurs du territoire. Les CSAPA doivent pouvoir poursuivre leurs efforts de réorganisation et de coordination régionale. Leur action doit se déployer au-delà des seuls lieux de soins, au plus près des situations et des personnes concernées et en favorisant la participation des usagers et les partenariats entre les acteurs locaux de premier recours (acteurs de la ville, de l’éducation…) », note la Fédération Addiction.
PES ET SALLES D’INJECTION À MOINDRE RISQUE
« La création d’un Institut pour la prévention, la veille et l’intervention en santé publique est un signe encourageant pour mettre en œuvre cette stratégie de changement de paradigme », note la Fédération. Cette dernière préconise également un « déploiement plus dynamique de la réduction des risques (RdR) ». « Après l’inscription de la RdR dans la loi de santé de 2004 avec le référentiel et la reconnaissance des CAARUD (Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogues, ndlr), la loi de 2014 (celle qui est en projet, ndlr) promet son extension à la prison. La Fédération Addiction salue cette étape importante en attendant d’en connaître le détail ». Par ailleurs, un autre point donne satisfaction à la Fédération Addiction, le fait que la future « loi réaffirme la nécessité de définir un cadre à l’expérimentation des salles de consommation à moindre risque (SCMR), qui irait dans le sens d’un accompagnement des pratiques en matière de RdR, en lien avec le contexte et les usages ».
TROD POUR LES HÉPATITES VIRALES
« Dans la continuité des recommandations du rapport sur les hépatites virales, la (future) loi confirme la généralisation du dépistage et des Tests rapides à orientation diagnostique (TROD). Préoccupation majeure en santé publique, et tout particulièrement chez les usagers de drogues par voie injectable, la définition de la place de ces outils dans la stratégie de dépistage de l’hépatite C doit en accélérer la mise en œuvre », note la Fédération. La Fédération Addiction salue « ces premières orientations qui recoupent certains axes de son projet fédératif, notamment le travail sur les pratiques professionnelles et la nécessité d’une organisation des réponses en cohérence et complémentarité sur les territoires (….) Elle réclame une politique de prévention qui optimise le dispositif public existant (…) Elle défend un déploiement pérenne de la mission Prévention des CSAPA (…) Elle souhaite une relance de la RdR qui mette fin à l’étranglement dans lequel elle est enfermée, lui redonnant les moyens d’expérimenter les solutions innovantes qui en font l’intérêt ».
LA FÉDÉRATION ADDICTION
La Fédération Addiction s’est donnée pour but de constituer un réseau au service des professionnels accompagnant les usagers dans une approche médico-psycho-sociale et transdisciplinaire des addictions. Aujourd’hui, elle fédère 205 personnes morales représentant plus de 700 établissements, services (CSAPA, CAARUD, CJC, CTR, CT, ELSA, etc.) et 420 personnes physiques (médecins de ville, praticiens hospitaliers, professionnels de la prévention, du médico-social).