La prise de risque, l’innovation, la création sont autant de qualités louées par le discours politique dans un contexte de tentative de relance économique. Pourtant, ces risques doivent être calculés à l’aune du principe de précaution, intégré en 2005 à la Constitution française. Rares sont les préceptes ayant fait l’objet d’autant de débats et d’interprétations contradictoires. Frein à la création pour certains, vecteur de progrès pour d’autres, le principe de précaution se présente comme une importante boussole pour l’innovation responsable. Les Up Conferences et la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme ont souhaité analyser ce principe, tant loué que critiqué, interroger sa compréhension et faire le point sur son application dans un contexte de nécessaire renouvellement de nos modèles.
La Charte de l’Environnement, inscrite dans la Constitution, indique que « lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent […] à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage » (art. 5). Souvent évoqué à contresens dans le débat public (épidémie de H5N1, irruption du volcan Eyjafjoll…), le principe de précaution n’est pas un principe de prévention. Son objectif théorique est de redonner la priorité à la décision et à l’action politique lorsque la science est en situation d’incertitude. Pourtant, de nombreux scientifiques et industriels critiquent son application, invoquant un cadre trop contraignant. Dès lors, où situer la frontière entre encourager la recherche et la freiner, permettre une innovation indispensable et éviter des dommages irréparables ?
L’économiste Jean DE KERVASDOUE plaide de longue date pour une remise en cause du principe de précaution qui, selon lui, pousserait à l’immobilisme. Il publie ainsi en 2011 La peur est au-dessus de nos moyens : Pour en finir avec le principe de précaution (Plon) dans lequel il critique les peurs collectives et encourage la prise de risque. Pierre-Henri GOUYON, biologiste, est président du Conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot. Outre ses travaux scientifiques, il a mené de nombreuses études consacrées à l’éthique, et a notamment analysé le principe de précaution appliqué à l’épineuse problématique des OGM. Dominique LEGLU a beaucoup fait pour la vulgarisation scientifique. Directrice de la Rédaction de Sciences et Avenir, elle a aussi rédigé plusieurs ouvrages dans lesquels elle n’hésite pas à pointer les dérives potentielles de certaines « avancées » scientifiques qui, sans précaution, peuvent se révéler nocives pour l’homme et son environnement.
Quels sont les apports et limites du principe de précaution ? Paralyse-t-il l’économie française ? Quel est l’impact de sa constitutionnalisation ? Ne faut-il pas d’avantage faire confiance aux chercheurs ? A l’inverse, la puissance de la technique moderne ne nous oblige-t-elle pas à de nouvelles formes de responsabilité ? En somme, où situer le curseur entre innovation, progrès, prévention des dommages, et évaluation des risques ?
Inscription
RENDEZ-VOUS
LUNDI 17 MARS 2014
DE 19H15 À 20H45
LA BELLEVILLOISE
19 – 21 rue Boyer, 75020 Paris
Métro Gambetta (lignes 3 et 3bis) Station Velib 20121
19 – 21 rue Boyer, 75020 Paris
INSCRIPTION GRATUITE MAIS OBLIGATOIRE
Inscription
INTERVENANTS
PIERRE-HENRI GOUYON
Biologiste – Président du Conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot
JEAN DE KERVASDOUE
Economiste
DOMINIQUE LEGLU
Directrice de la rédaction – Sciences et avenir
MURIEL DE VERICOURT
Rédactrice en chef – Industrie & Technologies