Anne (nom fictif) fréquente le mouvement Narcotiques Anonymes (NA) depuis près de trois ans. Jadis accroc à l’alcool et à la cocaïne, elle apprend aujourd’hui à vivre différemment, après 30 années de consommation. Lorsque nous nous sommes rencontrés, le 5 décembre dernier, Anne en était à son 987e jour de sobriété. Une application sur son téléphone intelligent se charge de lui rappeler constamment, à la minute près. « C’est motivant quand tu vois ton nombre de jours. Tu ne veux pas briser ça. Mais tu ne dois jamais oublier qu’on est seulement aujourd’hui et que demain, tout peut arriver et tout sera peut-être à recommencer », explique-t-elle.
Quand on l’écoute se raconter, on comprend rapidement que Anne n’est pas (ou plus?) de celles qui tiennent les choses pour acquises. Mère de trois enfants, elle reconstruit depuis quelques mois sa vie, tout en recollant les pots cassés du passé. Cette paix intérieure qui la fait maintenant avancer au quotidien la tête haute, elle la doit en partie à elle, mais également à l’association Narcotiques Anonymes, un mouvement qui ressemble aux Alcooliques Anonymes, mais dont les racines remontent seulement à une trentaine d’années en France. Cette association vient autant en aide aux gens qui souffrent d’une dépendance à la drogue, aux médicaments, à l’alcool, qu’au gambling, ou même à la nourriture. « Toutes les personnes qui ont une dépendance qui affecte leur comportement peuvent fréquenter NA ».
C’est à un moment de sa vie où elle croyait qu’elle vivrait continuellement dans le cercle vicieux de la dépendance qu’elle s’est laissée convaincre par un ami de l’accompagner à une réunion de Narcotiques Anonymes. « Je me souviens encore, il y avait un conférencier qui était présent ce jour-là. Son histoire a été comme un miroir pour moi », racontait-elle. À partir de ce moment, elle a commencé à fréquenter le mouvement pour ne plus jamais le quitter.
S’accepter et cheminer
Si se rendre à une première rencontre de NA est une étape en soi, faire le travail sur soi nécessaire pour atteindre le chemin de la sobriété en est une autre. Pour y parvenir, aucune recette miracle, sinon l’acceptation. « En plus de mes problèmes de consommation, je suis TDAH et dyslexique. C’est un problème réel, mais plutôt que de l’accepter, je le mettais sur le dos de ma consommation. NA m’a aidé à accepter cela également, parce que la meilleure façon de se guérir, c’est de se donner de l’amour. »
Ce cheminement réalisé par Anne, c’est ce qui la rend la plus fière. Et même si elle répètera à plusieurs reprises l’importance d’y aller un jour à la fois, on ne peut s’empêcher d’être impressionné par la confiance en elle qu’elle dégage, qui n’est rien d’autre que de l’humilité grandissante, ou par cette discipline de vie qu’elle voit comme un cadeau du ciel, alors que tant d’autres s’y sentiraient prisonniers. « Avec NA, j’ai tout appris, ou tout réappris. Je ne riais plus. J’ai réappris à rire. NA m’apprend à vivre pour être une meilleure personne. C’est un mode de vie », précise-t-elle.