Un colloque sur les liens entre le travail et la consommation de drogue(s), médicaments, alcool et tabac se tiendra en avril à Paris et ses organisateurs ont souhaité jeudi qu’il permette de « sortir des schémas moralisateurs ». Au cours d’une conférence de presse, les scientifiques et responsables d’associations organisateurs de ce « Premier congrès Addictologie, santé et travail » prévu début avril ont relevé que depuis 2011 une dynamique avait été initiée pour financer des recherches sur le sujet. (Ce serait sympa d’inviter l’AFDER)
Mais, a relevé Gladys Lutz, présidente de l’association Additra (Addictologie & Travail), « cette dynamique a mis en évidence qu’il y avait un manque cruel de données et de connaissances dans une autre perspective que médicale ou juridique de ces questions ».
La consommation de substances psychoactives (licites ou illicites) est de fait soit abordée sous l’angle juridique avec le dépistage ou la pénalisation soit sous l’angle médical, mais en général dans ce cas sous l’angle individuel de la gestion d’un « cas ».
Personne ne se demande: « Comment se passent les usages de M. et Mme tout le monde’ Comment se passe le travail aujourd’hui’ Et surtout personne ne pose ces questions ensemble », a relevé Mme Lutz.
« Peut-être que si on posait les questions autrement, on serait moins dans l’impasse en matière de prévention », a-t-elle relevé, notant que le congrès visait à faire dialoguer les sciences humaines avec le milieu médical et juridique « pour que les angles morts s’éclaircissent ».
Les organisateurs soulignent qu’aucun rapport officiel ne se penche sur le lien entre travail et consommation, celle-ci ayant des causes multiples et pouvant être « aussi une solution que les individus trouvent pour faire face à leur travail ou aux effets de leur travail ».
Le colloque, qui se tiendra les 7 et 8 avril et réunira des chercheurs, acteurs de la prévention ou encore des syndicalistes, est organisé par Additra, le Cnam, la Fédération addiction (FA) et le groupe d’études sur le travail (Gestes).
Il est réalisé en partenariat avec la Mission interministérielle de la lutte contre les drogues et les conduites addictives, nouveau nom de la Mildt.
En France, environ 20% des adultes consomment régulièrement des boissons alcoolisés, un tiers ont expérimenté du cannabis tandis que plus de 18,3% de la population consomme des médicaments psychotropes. Toutes ces consommations ne s’arrêtent pas miraculeusement aux portes des entreprises.