Comment aider un ami ou un membre de la famille ayant un problème d’alcool, de drogue, ou de toutes autres addictions?
Intervention
Parvenir à aider quelqu’un ayant un problème d’alcool de drogue ou toutes autres addictions n’est pas simple. Trop souvent, les amis les plus proches ou la famille ferment les yeux face à la situation et espèrent que la personne comprendra au bout du compte.
En général, l’addiction ne va pas disparaître et le refus de se soigner peut empêcher la personne de réaliser la véritable nature du problème et ses conséquences.
Les dépendants actifs perdent la capacité de se rendre compte des décisions sur leur consommation, c’est pourquoi l’implication de la famille, des amis et des employeurs peut faire la différence.
Approche
Une approche souple et attentive plutôt que sévère est fondamentale. Vous devez avoir une attitude non conflictuelle et persuasive. Acceptez le fait qu’il s’agit d’une situation difficile et préparez-vous à une personne avec un comportement défensif et hostile. Gardez votre calme.
Évitez le ton culpabilisant. Au lieu de dire « Vous êtes un toxicomane », dites « Je pense que vous avez un problème d’addiction ou de dépendance à tel ou telles produits « .
Vous pouvez vous sentir un peu effrayé ou irrité, mais ne cédez jamais à la culpabilité ni aux confrontations violentes. Ce qui doit être souligné c’est le message, ce qu’on dit et pas comment on le dit.
Exprimer votre préoccupation et proposez de l’aide
Au début, parlez de vos préoccupations et de votre volonté d’aider et de devenir un soutien tout en prenant des mesures positives.
Exposez les faits
Exposez les faits réels sur la consommation liée à l’addiction et soyez clair par rapport au comportement de la personne. Évitez les jugements moraux et les opinions. Si vous pensez dire « Je pense que vous buvez un peu trop », dites plutôt : « hier soir vous aviez des troubles d’articulation et vous hurliez, vous avez conduit du mauvais côté de la route, j’ai vraiment eu peur ».
Expliquez leurs qu’ils ont une maladie
Précisez qu’un problème sérieux d’alcool ou de drogue est une maladie, et en aucun cas une faiblesse morale ou un manque de volonté.
Insistez sur le fait qu’ils sont des êtres honnêtes mais avec une maladie très destructrice, qui mène à une dégradation progressive et peut avoir une issue fatale. Aidez-les à reconnaître que la seule manière de faire face à cette maladie est de trouver son chemin thérapeutique. Afin de réussir, il faudra de l’insistance et vous deviendrez un soutien.
Utilisez votre influence pour convaincre si possible
Plus vous serez influent pour convaincre/et négocier, meilleur sera le résultat. Il est aussi efficace de fixer des limites saines.
Mais il ne faut pas confondre cette technique avec des « menaces », vous devez essayer de mettre en œuvre tout ce vous dites. Si vous êtes un employeur, il peut s’avérer nécessaire de proposer un choix entre le traitement ou mettre sa carrière en jeu.
Vous ne forcez personne à rechercher de l’aide, vous proposez de faire un choix. Un juge pourrait décider si la personne a le choix entre le traitement ou l’emprisonnement. Les parents pourraient décider que les petits-enfants sont exposés à un risque sauf si leur grand-père recherche de l’aide. Parlez de votre profonde préoccupation, mais avec fermeté.
Demander de l’aide
Un groupe, un pair-aidant aura un impact plus grand . Une épouse peut faire appel à son fils aîné, à un frère/ une sœur, un pasteur, un imam, un rabin…, ou sur le lieu de travail certains collègues peuvent s’impliquer. Si chacun a connaissance des faits particuliers le résultat sera très percutant.
Encore une fois, un groupe peut agir séparément: plusieurs personnes pourraient durant quelques semaines se rapprocher de l’individu pour lui suggérer qu’il aurait besoin d’aide, tout en laissant la même carte de visite ou le même numéro de téléphone d’une assistance professionnelle.
Proposez des renseignements et de l’assistance professionnelle
Laissez des renseignements partout dans la maison. Ayez à portée de main les noms et les numéros de téléphones des agences ou des professionnels qui fournissent le traitement adéquat. Proposez d’appeler immédiatement, à leur place.
Bien souvent la personne vous dira qu’il/elle va chercher de l’aide mais n’ira pas jusqu’au bout. S’ils n’acceptent pas votre proposition, laissez du moins la porte ouverte à cette possibilité, ne soyez pas sur leur dos et ne les réprimandez pas.
Il suffit de semer les premières graines. Quant il s’agit d’un ami, il faudra des mois ou plus avant qu’ils n’acceptent de commencer un traitement.
Faites preuve de « fermeté affectueuse »
Soulignez les responsabilités qui reposent sur la personne. N’assumez pas de responsabilités tout seul.
Donnez de l’espoir
En général, l’aide et le traitement ne sont pas proposés car la situation semble irrémédiable. En effet 50 % des patients ayant des addictions à l’alcool et à la drogue peuvent se remettre et arrivent jusqu’au bout. D’excellents résultats sont constatés chez les Addicts précoces.
Recommandez un groupe d’entraide
Contactez l’Afder mailto:[email protected], qui est une association d’aide aux familles et aux proches des personnes alcooliques, drogues, jeux et toutes autres dépendances à problèmes avec ou sans produit.
Pensez à une intervention précoce
Comme n’importe quelle maladie, il existe une meilleure réponse à l’alcoolisme, à la drogue, et toutes autres addictions, grâce à une intervention précoce et si le problème est soulevé dés le début, des meilleurs résultats seront attendus.
Trop souvent, le problème est laissé de côté jusqu’à ce qu’il y ait une crise grave. La complicité sur le lieu de travail est aussi très fréquente, alors le collègue ayant une performance moyenne est toléré jusqu’à ce qu’on lui donne une prime de départ ou qu’il soit renvoyé pour une simple erreur.
Plus l’entourage ignore le problème, plus grands seront les risques pour la santé : des lésions cérébrales, des dommages au foie, comorbidité avec pronostics défavorables.
Mahidine Bouchaaba
Pair aidant de l’Afder