1,2 million de Français fument du cannabis plusieurs fois par semaine. Les chiffres établis par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies (MILDT) sont alarmants, mais guère surprenants, la consommation problématique de drogues autres que le cannabis est en perpetuelle hausse depuis des dizaines d’années, au point qu’elle ne semble plus inquiéter grand monde.
Le plan anti-drogue lancé par le Gouvernement en septembre dernier montre cependant un regain d’attention des autorités sur le sujet. Et pour cause. Si l’augmentation de la consommation est devenue au fil du temps presque banale pour la société, la démocratisation des drogues à laquelle on assiste depuis quelques années est quant à elle un phénomène nouveau et le coût pour la société commence à sérieusement inquiéter les autoritées locales comme les mairies.
La consommation de drogues comme le cannabis, et plus récemment la cocaïne, se standardise. En 2011, selon l’Observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie (OFDT), un million de Français âgés de 12 à 75 ans avait déjà testé la cocaïne. « Un usage de moins en moins rare en population générale », précise le rapport de l’OFDT. L’usage de la cocaïne explose, ceci dans des milieux où elle était autrefois fortement prohibée.
Les spécialistes s’étonnent ces dernières années de la fréquentation accrue de leurs cabinets par des personnes, toxicomanes, issues de toutes les couches sociales de la société. Cadre dans une grande entreprise privée ou dans la fonction publique, employé du bâtiment, salarié dans l’hôtellerie-restauration… En quelques années, la cocaïne est passée dans la conscience collective d’un produit addictif et dangereux à un produit comme un autre, dont la consommation est aussi banale que de boire un café au réveil. Un constat d’autant plus frappant qu’aujourd’hui, environ 20 % des accidents professionnels, conflits au bureau et cas d’absentéisme seraient dus à une consommation de psychotropes.
Alors que la toxicomanie et ses différentes formes ne font qu’évoluer d’année en année, la politique française reste depuis 1970 sur la même ligne de conduite : une politique répressive au flou juridique dangereux pour la santé des personnes dépendantes du pays.
La principale responsable de la démocratisation de la consommation de drogue en France pourrait bel et bien être la législation du pays elle-même, qui stagne depuis des dizaines d’années. Malheureusement, les enjeux sanitaires de la toxicomanie en France n’ont pas l’air d’intéresser outre mesure les hommes et femmes politiques du pays.
La société d’aujourd’hui doit enfin prendre en compte l’expérience des pairs aidants et donner les moyens aux associations de dépendants en rétablissement. Les politiques et les professionnels de la toxicomanie doivent se rendre à l’évidence, ce sont les addicts qui ont la solution au problème de la toxicomanie.